Palmarès des médecins experts du Point

1er mai 2023 par APH

Et si on parlait plutôt de « bonne médecine » ?

Le magazine hebdomadaire « Le Point » du 27 avril 2023 fait le buzz sur son « Palmarès des médecins experts ». Après que son historique « Palmarès des hôpitaux » a été enfin interdit, le Point tente le rattrapage avec un classement des médecins, contre l’avis du Conseil National de l’Ordre des Médecins.


Communiqué

Si Action Praticiens Hôpital ne remet pas en cause la validité de la méthodologie de ce palmarès ni la qualité de ses lauréats, il s’agit de remettre l’église au milieu du village : non, ce palmarès n’est pas le palmarès du meilleur docteur, mais celui du meilleur publicateur dans les revues scientifiques. Cela n’a rien à voir avec la qualité des soins donnés aux patients !

Profiter de la misère du système de santé et des difficultés croissantes de l’accès au soin pour appâter le chaland en publiant ce genre d’étude n’est pas un bon service rendu au citoyen.

APH rappelle ce qu’est la bonne médecine, le bon soin !

La bonne médecine n’est pas une affaire de capacité à être co-auteur de publication. Le palmarès du Point voudrait pourtant le faire croire !

La bonne médecine, c’est une affaire de compétence médicale, de connaissance scientifique, de relation humaine, de travail en équipe et en réseau. Nul médecin ne peut soigner quiconque, même dans le cadre de l’urgence vitale, s’il ne s’inscrit pas dans une démarche d’équipe, dans une institution, dans une chaîne de soins dont le centre est le patient.

La bonne médecine, c’est une affaire de pertinence des soins : le juste soin qui est nécessaire, et seulement celui-là, au bon moment : le jour, la nuit, le week-end et les jours fériés.

La bonne médecine, c’est avoir les moyens de l’accès aux soins et de la prise en charge médico-chirurgicale de chaque patient, en tout point du territoire : moyens humains, moyens financiers, avec l’appui de la gouvernance administrative et médicale.

La bonne médecine, c’est ce que font des milliers de médecins sur l’ensemble du territoire, chacun à sa place : médecine de ville, libérale ou hospitalière et dans les établissements médico-sociaux.

Les lauréats de la bonne médecine sont des milliers

Ils ne demandent pas de publicité dans un magazine grand public.

Les lauréats de la bonne médecine demandent une reconnaissance du gouvernement, qui tarde à venir.

APH regrette l’échec du dialogue social entre les médecins libéraux et le gouvernement au sujet de la convention médicale et de son règlement arbitral. APH, en cours de concertations avec la DGOS, attend enfin cette reconnaissance :

Reconnaissance financière, après une perte de 30 % de pouvoir d’achat en 15 ans, et un travail de nuit chichement valorisé

  • La récupération des 4 ans d’ancienneté spoliées pour les praticiens hospitaliers est un sujet non négociable, qui devra trouver une solution réglementaire équitable.
  • La revalorisation de la permanence des soins doit devenir pérenne, équitable pour tous les statuts et inclure les gardes, les astreintes, télétravail inclus.

Reconnaissance de la pénibilité de nos métiers pour la retraite

  • La situation particulière des praticiens hospitaliers – exclus des négociations sur la réforme des retraites – doit permettre de reconnaître des critères de pénibilité dès la première garde, dès la première astreinte.
  • L’aménagement des fins de carrières doit permettre à tout praticien hospitalier de terminer sa carrière sans que l’usure professionnelle ne soit préjudiciable, aux patients comme à lui-même.

Reconnaissance de notre temps de travail

  • Application du rappel du Conseil d’Etat aux directeurs d’hôpitaux, qui doivent un décompte horaire de leur travail aux praticiens.
  • Ouverture du sujet du temps de travail et réduction des obligations de services des praticiens à 39 heures.

APH profite de ce lendemain du 1er mai pour saluer le travail de tous les lauréats anonymes qui, chaque jour, essaient de pratiquer la bonne médecine pour chaque patient, dans des conditions de travail souvent peu propices.