APH FRANCE

premiers résultats de l’enquête "Nuits blanches"

28 juin 2022 par APH

L’union syndicale Action Praticien Hôpital (APH), rassemblant la Confédération des Praticiens et Hôpitaux (CPH) et Avenir Hospitalier (AH), vous prie de lire ci-dessous et en pièce jointe le communiqué de presse concernant les premiers résultats de son enquête "Nuits blanches" concernant la permanence médicale des soins à l’hôpital public (près de 7500 réponses).


Actions Praticiens Hôpital a mené du 13 au 27 juin 2022 une grande consultation nationale en ligne auprès des praticiens hospitaliers : tous statuts, toutes spécialités. Près de 7 500 réponses ont été recueillies, ce qui est a priori bien supérieur au nombre de praticiens adhérents à un syndicat médical professionnel : la permanence des soins est un sujet brûlant pour les praticiens, et primordial pour le système de santé.

60 % des réponses concernent 4 spécialités : médecine d’urgence, anesthésie et réanimations, pédiatrie, psychiatrie. 77 % font des gardes sur place (médiane 4 par mois), 58 % font des astreintes à domicile (médiane 4 par mois). 10 % de praticiens prennent des gardes en dehors de leur établissement d’affectation, avec des modalités de rémunérations éminemment variables.

L’activité en nuit profonde en garde est majeure (73 % d’activité systématique) ; près de la moitié des astreintes donnent lieu à des déplacements systématiques dans la nuit. La fatigue après une nuit de permanence des soins perturbe d’autant l’organisation de la journée que cette nuit est intense. Le repos de sécurité après une astreinte est rarement respecté, pour des raisons organisationnelles (incompatibilité avec l’organisation du service, 68 %) ou par méconnaissance de la réglementation (23%). 63 % des praticiens déclarent présenter des troubles du sommeil, et 14 % prennent des psychotropes (médicaments, stupéfiants) pour réguler leurs périodes de veille et de sommeil.

Le regard des praticiens sur la permanence des soins est très défavorable : corvée pour 40 % des praticiens, mal ou très mal payée (88%) au point que 76% d’entre eux sont susceptibles de quitter l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la PDS (27 % vers un exercice libéral, 14 % vers un autre métier, 35 % indécis sur leur avenir à l’hôpital public).

Le samedi matin, qui n’est pas réglementairement une période de permanence des soins (et donc non indemnisée comme telle), l’est en réalité dans la très grande majorité des cas. La reconnaissance du samedi matin comme période de permanence des soins est plébiscitée par 94 % des praticiens.

La rémunération de la PDS effective est très inférieure à la rémunération estimée raisonnable par les praticiens pour 88 % d’entre eux (la médiane de l’indemnité de sujétion d’une astreinte de nuit ou de jour s’élève à 50 euros, celle de la garde est réglementairement fixée à 267,82 euros bruts). De manière générale, la grille salariale de rémunération des praticiens est largement inférieure à l’évaluation de la valeur financière réelle de leur travail ; et figure de manière récurrente dans les verbatims en fin de questionnaire l’injustice du reclassement des PH non corrigé par le Ségur, défavorisant nettement l’ensemble des PH nommés avant le 1er octobre 2020, pourtant investis dans le maintien du service public hospitalier dans des conditions de plus en plus difficiles.